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Au bord de la surface

Quelques éléments autour de l’œuvre d’Adrien Blondel

 

Trajectoire

Né en 1986 à Charleville-Mézières, diplômé de l’École supérieure des Beaux-Arts de Montpellier, Adrien Blondel vit et travaille à Caen.

Issu d’un milieu ouvrier, il se fraie, dès ses débuts, un chemin artistique et personnel, certainement façonné par les mondes qu’il traverse mais se refusant à toute réduction et profondément attaché à son autonomie. Peintre en solitaire à l’atelier mais jamais isolé, Adrien Blondel échappe aux classifications faciles, préférant les pas de côté.

 

La pratique, l’objet

Pour Adrien Blondel, l’acte de peindre, c’est avant tout s’emparer de l’objet, l’interroger. Le châssis d’abord. Sa taille détermine la première réaction de l’artiste et influence la composition, figurative ou abstraite. C’est le squelette de l’œuvre. La toile en est la chair. Le choix du tissu est primordial, lin ou coton, et sa tension, indispensable, guidera le pinceau. Il y a chez Adrien Blondel, une attention particulière au savoir-faire, au côté artisanal de la peinture et à sa conservation. à l’atelier, c’est un va-et-vient constant entre l’œuvre et le peintre, un long travail de construction/déconstruction. Lors de ses périodes abstraites, la composition naît en réaction à la toile vierge. Les couleurs apparaissent par période. Pastel souvent : bleu, ocre, rose, chair blanche. Une première tâche de couleur appelle une autre action, dans un patient exercice d’ajout et d’effacement.

 

L’estampe, la matrice

Le soir, le peintre se fait graveur sur bois, à bois perdu. Il aime à exploiter toutes les capacités du médium sur lequel il travaille, utiliser la matrice, passage après passage jusqu’à sa perte complète. La gravure est pour lui un terrain de jeu et d’expérimentations abstraites, qui lui permet de travailler à faible tirage, la composition, les contrastes. La couleur est ici très vive et déchargée de toute symbolique, au contraire de la peinture.

 

Motifs

Les éléments figuratifs n’apparaissent pas par hasard. Il y a la volonté de placer ce qui a été imaginé, rêvé, tout en laissant les filtres de l’inconscient guider la main du peintre. Le corps a disparu ou réapparaît morcelé : la main, le pied, l’oreille. L’action, l’ancrage, l’écoute.

Il est ici question de désir, un désir sublimé qui s’est déplacé, transcendant le modèle.

 

Sur certaines œuvres, Adrien Blondel aime à laisser une marge, une bande de tissu libre. Libérer les côtés du châssis pour recréer au sein de la toile, un nouvel espace, comme une mise en abyme, un nouveau cadre. La place de cette ligne participe à la peinture, au dialogue entre la plage de couleur et son support. L’œuvre, quand elle représente un sujet, devient comme une icône révélée. Il y a quelque chose de l’ordre du religieux dans l’art d’Adrien Blondel. Loin de toute pratique confessionnelle, le peintre aime le dialogue entre l’image et la magie dont elle est porteuse. Il faut cependant se garder de toute lecture figée des œuvres de l’artiste. Les références philosophiques des débuts sont depuis longtemps digérées, pour mieux retourner à la peinture par et pour elle-même. Adrien Blondel construit son propre univers, nourri par les inspirations techniques d’un Redon ou d’un Rothko par exemple ou encore par les réflexions du peintre Bernard Dufour sur le deuil. La réception de ses œuvres nous est confiée, de manière très libre, avec parfois quelques indices donnés par les titres.

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Noëmie Boudet

Commissaire d’exposition

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