Chants autour des œuvres pendant le vernissage
Anne Weissgerber est originaire de la Lorraine, elle a choisi il y a une vingtaine d'années de quitter sa Moselle natale pour s'installer au Centre de la France, à la croisée des différentes terres de ses ancêtres, entre Alsace-Lorraine et Pays Basque, entre Bretagne et Sicile...
Depuis sa jeunesse, elle aime l'Histoire et tout ce qui est ancien et authentique, la Nature et sa magie, la Musique et le chant, lire et écrire des poèmes, dessiner, mais aussi transmettre et faire vibrer.
Elle a initié et anime une chorale. Ses chants sont plutôt des airs lyriques, vibrants des envolées de l'âme amoureuse, se questionnant ou rêvant, mue par ses lumières et ses espoirs, aux prises avec ses nuages et ses doutes, parfois mystérieuse et onirique, dans un répertoire qui peut être autant classique que rétro ou actuel, en français ou en anglais.
Conférence le samedi 24 juin à 15h
" L'histoire des Brigitte : la mystique et la putain."
sur le lieu de l'exposition, réalisée par l'historienne de l'art Martine Baransky (elle a enseigné sa discipline jusqu'en 2006 au lycée expérimental d'Hérouville-Saint-Clair puis a réalisé des conférences à l'UIA - Université-Inter-Ages Normandie).
"Le corps féminin, le lien avec le milieu rural, avec la terre, la présence forte de l’écriture : ces trois objets de réflexion constituent comme des leitmotive dans mon travail artistique, avec différents questionnements.
C’est par des actions souvent longues que je réalise mes œuvres, que s’opère la modification de la matière ou d’un lieu et d’une situation lorsqu’il s’agit d’une vidéo : plans-séquences de quarante-cinq minutes, sculptures constituées de textes fragmentés et recopiés entièrement à la main, processus d’accumulation sur plusieurs années – plaquettes de pilules contraceptives, tickets de caisse...
Je me sers également de mon propre corps comme d’un matériau ; il s’agit de prises de vue où je porte mes sculptures, parfois de mises en scènes où j’apparais, reconnaissable grâce à ma chevelure, ou bien de mise en situation particulière dans mes vidéos, à travers des actions qui sont menées comme des combats."
Les vidéos-performances : "Le lieu que l’on découvre dans toutes mes vidéos est une ferme dans laquelle j’ai vécu durant mon enfance, située dans le sud des Deux-Sèvres ; désaffectée depuis quinze ans - vaste et riche dans ce qu’elle offre comme possibilités visuelles (avec les moisissures qui sont apparues, l’herbe qui reprend ses droits, les outils laissés à l’abandon, le mélange de matériaux bruts….) et avec cette absence qui rôde désormais partout (des bovins baptisés, du bruit des tracteurs, du ballet des hommes en bleu de travail), je tente de la faire revivre d’une autre manière, je crée une histoire ou imagine une action en fonction de l’endroit choisi, qui met en scène un personnage au visage énigmatique, puis travaille sur le lieu pour que tout puisse être réalisé en une seule prise, sur un temps relativement long – les vidéos durent entre trente-trois et cinquante-neuf minutes.
La plupart du temps c’est ma sœur qui me filme, toujours en plan-séquence, tout en faisant des zooms à certains moments, ce qui amène une certaine proximité avec le corps, un cadrage qui change au fil du film, parfois indépendamment de l’action ou de ma volonté.
Présentés simultanément, les films sont le reflet d’une sorte d’enregistrement d’un temps donné de vie, les images se répondent et dialoguent entre elles d’une manière aléatoire.
Ces vidéos montrent l’exploration d’un personnage que j’incarne, qui se débat dans ses tâches, est à la périphérie, entre la réalité tangible et un monde plus mystique, qui s’agite sans cesse comme si rien ne lui était donné d’emblée, comme si être là, avec ce corps qui affirme sa féminité et son appartenance à la terre, était synonyme de combat ; comme si pour exprimer son désir d’être vivant dans ces conditions, il fallait en passer par une lutte acharnée, donner des coups de battoir pour s’extraire de sa situation, l’action irrationnelle devenant une sorte de porte, ou une voie poétique, pour surmonter les épreuves de ses propres freins.
À la présence prégnante des matières, souvent en transformation, dans un état intermédiaire, répond ce corps qui s’acharne, qui est dans la quête, dans la lutte, à la recherche d’un geste plus sûr, plus intériorisé, qui rencontre de multiples obstacles qui n’étaient pas prévus, cherche des solutions, constamment.
La chevelure, très présente, marque une partie de son identité, elle est aussi un signe de sa force, elle accompagne son regain d’énergie parfois, sa rage.
Le masquage du visage peut amener des scènes où le personnage se retrouve en perte d’équilibre ou avec un pas incertain, cherchant ses repères, il peut aussi entrer dans une sorte de transe, à force de répéter inlassablement un geste et d’être ainsi coupé de la vue : au bout de quarante minutes, La femme qui pioche ne pioche plus, elle vit une expérience avec son propre corps.
Lorsque toutes les vidéos sont montrées ensemble, les sons se mélangent, on entend les abreuvoirs qui roulent, le battement du linge, le chant du coq, celui des oiseaux, les coups de pioche, les poings qui cognent sur le mur pour accrocher les lettres, un avion qui passe, le grincement des roues du landau, le crépitement du feu, la musique de Michel Berthelot dans une des vidéos…. Cette bande-son qui fait vivre l’ensemble, ainsi que la combinaison des images, est à chaque fois différente, les films n’ayant pas tous la même durée.
Ainsi il existe une multitude de présentations possibles et de dialogues entre les images, en fonction du moment où l’on regarde l’installation."