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La Nature/Mémoire

Mes réalisations s’organisent autour de la question de la peinture et de la mémoire, avec pour médium essentiel le feu. Au fur et à mesure du parcours, j’emploie les termes de mémoire individuelle, de mémoire collective, d’espace mental et plus récemment de conscience. 4 verbes d’action nourrissent le travail: fissurer, dénouer, faire émerger et plus récemment rêver. Chercher le sens et l’essence de la peinture m’a amenée à ce que j’appelle le rien: enlever les objets, les figures , les couleurs et le support de la peinture. Cette sorte de dépouillement s’est parée d’une quête de l’origine et de l’utilisation du feu. Ne comptent que vivre le présent et être à l’écoute de la rumeur du monde. Pendant plusieurs années mes réalisations sont «a fresco» et possèdent une dimension éphémère: il y a urgence à répondre au monde. L’ouvrage «a fresco» témoigne de 20 ans de création autour du feu. «Toucher l’infini» est un titre générique: il va s’agir de convoquer le sens à chaque exposition comme un désir de toucher l’infini des possibles. Le temps a travaillé pour faire émerger la nécessité de fresque: sont maintenant présentes des peintures de grands formats et éléments différents assemblés en séquence. Au cœur de chacune de mes 2 expositions qui se chevauchent, un rapport dialectique: • œuvres figuratives / non figuratives, au Centre Culturel des Fosses d’Enfer, St Rémy (11/09/ au 23/10) • film «Eternel regard»/ses constituants-prolongements, à la Grange aux Dîmes de Rots (16/10 au 20/11). Les voix de Nadine Burri qui constituent la musique du film viendront habiter ce lieu . Que ce soit dans les dessins bois brûlés qui sont comme un souffle, dans les peintures vibratoires, dans les visages bienveillants, dans les réponses au Feu bleu... il va s’agir de revenir à son propre rien, à ce qui fonde notre humanité, aux constantes de l’être. «C’est par le feu qu’une bascule s’opère: j’accède à une autre dimension, au monde de ce qui n’est pas visible, à un état de conscience où le monde est entier, où se déploie une énergie tranquille et fabuleuse».(«a fresco»p. 88) Quand on arrive au rien, il me semble que le monde s’ouvre, qu’il est possible de toucher à l’infini, de raccorder au temps; alors on appartient au monde en soi, à ce que j’appelle la Nature/Mémoire.

Élisabeth Leverrier août 2021

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