JEAN-MICHEL LELIGNY Né en 1959, après une formation BTS photo à l’Ecole Nationale Louis Lumière, il est devenu photographe indépendant et journaliste en 1986. De 1988 à 1990, il produit un travail personnel, Parking Production. Une grave maladie vient mettre une parenthèse à ces travaux. Après un an d’arrêt et quitté Paris, il reprend son travail de photographe et journaliste pour la presse magazine. Il est aussi photographe pour l’agence Andia. Il reprend un travail personnel à partir de 2011, où sont présents les rapports entre l’homme et son environnement, mais aussi les rapports entre le texte et l’image. Il est l’auteur notamment de « 2°20, la France par le milieu » paru aux éditions de juillet; « 1944 » paru aux éditions My Normandie; « 40 ans », travail en cours.
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«Une fois entré dans les montagnes, personne ne rencontre plus personne. Ce n’est là que l’activité totale des montagnes. Il ne reste aucune trace de quelqu’un une fois qu’il est entré dans les montagnes.» Maître Dogen. J’avais attaqué mon périple, traverser les Pyrénées par la Haute Route, sans vraiment comprendre le sens de cette phrase du fondateur de l’école Sōtō du bouddhisme zen au Japon, mais je savais qu’elle m’accompagnerait tout au long de ce voyage. 40 jours pour relier la Méditerranée à l’océan Atlantique en autonomie, c’est le temps que je m’étais donné. 40 jours, le temps de la transformation, ou de la disparition. 40 jours, c’est le temps de la traversée du désert par Elie et Moïse, le temps du déluge, le temps de la résurrection. J’avais d’ailleurs glissé dans mon sac le livre de Christian Bobin, « Ressusciter ». Ses phrases étaient limpides comme l’eau qui dégringole des montagnes. Il y parlait de son père avec beaucoup d’amour et de bienveillance. « Je me suis penché sur la tombe de mon père et j’ai appuyé ma main sur la pierre froide. Des nuages obscurcissaient le ciel. Le soleil est apparu et il a posé sa main sur la mienne. » Au fil des jours et des nuits, il m’a appris à regarder le mien différemment. 40 jours, la route était longue, et je n’avais rien d’autre à raconter et à photographier que la montagne qui, peu à peu, s’obscurcissait, disparaissait dans une brume épaisse. J’avais l’impression de m’y fondre tel un fantôme. Depuis enfant, j’ai toujours adoré tracer des lignes sur des cartes, imaginer ce qui s’y cachait. Mon travail photographique est né ici de la confrontation physique avec les éléments, des sensations avec une nature qui impose l’humilité. Ces montagnes abruptes, ces vallées très encaissées, sont sans doute parmi les seuls espaces proches que l’homme ne peut conquérir, modeler et façonner à son gré. Il faut juste s’y glisser avec respect, et rendre compte de la puissance qui s’en dégage, presque s’y soumettre. Et garder à l’esprit que nous sommes issus de cette terre, de ces eaux fracassantes, de ces roches escarpées. Elles étaient là avant nous et seront là après. Cette exposition conçue comme une installation vous convie sur les traces du photographe à travers photographies et textes Le livre «Tentation de disparition» est paru en 2020 aux Editions de Juillet