"C’est à travers l’utilisation du dessin, de la gravure et du collage, que j’explore la superposition des plans et leurs relations, créant des scènes qui s’accumulent, s’interpénètrent. Elles forment ainsi une narration énigmatique qui questionne les différentes strates de la réalité. Mon processus est influencé par les surréalistes,
où l’aléatoire se mêle à une sorte de nécessité narrative. Mon approche se manifeste comme une métaphore figée dans le temps, une pause où le spectateur est confronté à une scène autonome et mystérieuse. Cette scène, telle une photographie qui n’a jamais été prise, évoque une autonomie dans un espace-temps indéfini, invitant à une réflexion sur les histoires fragmentées et les identités en constante déconstruction. Je n’adopte pas la déconstruction habituelle, mais préfère le collage pour diversifier mes sources dans le but de réaliser une promesse d’unité. Ce processus est à la fois nécessaire et désespéré, car il s’avère que tout ne s’assemble pas toujours comme on le voudrait. J’explore la question de l’armure des apparences, suggérant que, dans la relation entre le décor et le corps, il est difficile de déterminer qui soutient l’autre.
Mon travail interroge la gravité de l’existence humaine, évoquant un théâtre austère où les discours sur la réalité entravent le réel. À travers les collages et les mises en scène, une forme narrative s’impose en rendant compte de l’existence temporelle de l’être humain et de son environnement, tout en questionnant constamment les limites de la perception et de l’interprétation.
Je dialogue avec le passé et le présent, revisitant l’histoire de l’art et réinterprétant des références artistiques dans le contexte contemporain. Cette interaction entre différentes époques souligne la manière dont les récits se nourrissent les uns des autres, mettant en lumière la complexité de l’expérience humaine et de la féminité, ainsi que les émotions qui les accompagnent."

Louise Perrot